La start-up Global ID, issue d’un partenariat notamment entre l’EPFL et l’Idiap, a présenté vendredi sa solution d’identification basée sur l’empreinte veineuse. A Martigny, la société Biowatch développe une technologie similaire liée à des bracelets.
Il y eut les mots de passe, la double authentification associée à un SMS, la reconnaissance d’empreintes digitales, celle de l’iris et enfin la reconnaissance faciale. Une nouvelle technologie tente de percer pour sécuriser les transactions: la reconnaissance par l’empreinte veineuse. Vendredi, la société Global ID présentait ses avancées à l’EPFL. La start-up Biowatch, basée à Martigny, travaille sur une technologie similaire.
Pour Lambert Sonna, directeur de Global ID, les systèmes actuels ont des limites: «La reconnaissance facile a pu être prise en défaut et la reconnaissance par empreintes digitales ne fonctionne pas lorsque le doigt est mouillé, par exemple. C’est pour cela que nous avons exploré un système basé sur les veines, qui sont uniques pour chacun.» La société, basée au Parc de l’innovation de l’EPFL, a ainsi développé un lecteur capable de reconstituer en trois dimensions le plan veineux d’un doigt après qu’il a été placé sous une source lumineuse.
«Un système très solide»
Pour ce faire, la société s’est associée à l’Idiap de Martigny, centre d’excellence pour la biométrie, mais aussi à l’EPFL et à la HES-SO Valais. Pour le professeur Serge Vaudenay, directeur du laboratoire de sécurité et de cryptographie (Lasec) de l’EPFL, qui a participé au développement du lecteur, le système est plus fiable que celui du passeport biométrique: «Toutes les données sont chiffrées et aucune d’entre elles n’est transmissible. Ce système est très solide.»
Global ID, fondée en 2017 et qui compte cinq employés, envisage plusieurs applications pour son système d’authentification: elles pourraient être liées à des documents d’identité, à des cartes santé, à des services en ligne auprès d’administrations ou permettre de sécuriser des paiements en ligne. Le projet le plus avancé concerne le monde hospitalier, l’Hôpital du Jura testant sa solution. «D’ici à un an, nous avons l’obligation d’accroître la sécurité pour l’accès aux ordinateurs, explique Gianni Imbiranu, responsable informatique de l’établissement jurassien. Le système de Global ID pourra nous permettre de répondre à cette exigence, même lors de l’emploi de gants médicaux. Nous pourrions aussi utiliser, à l’avenir, ce scanner pour authentifier les patients.»
Le Cameroun intéressé
Le scanner intéresse aussi le Cameroun – son ambassadeur en Suisse était présent vendredi à l’EPFL –, notamment pour identifier de manière sûre ses citoyens. Global ID discute également avec plusieurs ONG pour l’identification des réfugiés dans des zones de conflits ou affectées par des catastrophes naturelles. Le scanner, qui mesure environ 17 centimètres, devrait être miniaturisé ces prochains mois, avec un prix à l’unité d’environ 300 francs.
Côté concurrence, plusieurs sociétés asiatiques travaillent aussi sur l’identification par les veines, mais en deux dimensions. Global ID, qui a bénéficié de soutiens de la part du canton de Vaud et de la Confédération à hauteur d’un million de francs, compte lever 6 millions d’ici à cet automne.
Biowatch développe un bracelet
Située à Martigny, Biowatch se base aussi sur les veines, mais pour une identification différente. «Les veines sont utilisées pour activer un accessoire portable (un bracelet ou une montre) qui sert d’authentificateur multi-usages, en utilisant le Bluetooth ou la technologie NFC», explique Matthias Vanoni. Le cofondateur et directeur de Biowatch esquisse plusieurs avantages: «Pas besoin de capteur biométrique partout, pas de données biométriques chez des tiers et pas de reconnaissance biométrique au moment de la transaction.»
Aujourd’hui, Biowatch traverse, selon Matthias Vanoni, «la vallée de la mort», des efforts d’industrialisation pesant sur les finances. La société recherche des investisseurs alors que plusieurs acteurs majeurs des secteurs automobile, militaire, financier et du contrôle d’accès se sont montrés intéressés.
Reconnaissance majeure pour l’Idiap
Fondé en 1991 à Martigny, l’Idiap est devenu au fil des ans un centre d’excellence pour la biométrie. Il y a une semaine, l’institut est entré dans une nouvelle dimension en devenant le troisième centre de certification en biométrie dans le monde. Les deux autres se trouvent à Denver aux Etats-Unis et à Caen en France.
C’est l’alliance FIDO, qui regroupe notamment Google, Microsoft, Visa, Mastercard et PayPal, qui a décidé de donner ce titre à l’Idiap, qui a construit un laboratoire de tests biométriques à cet effet. Celui-ci sera ainsi désormais contacté par des entreprises qui veulent faire certifier leurs solutions de sécurité.
L’Idiap sera chargé, contre rémunération, de tester les nouveaux systèmes biométriques et d’estimer leur vulnérabilité. L’alliance FIDO décidera ensuite, sur la base d’un rapport rédigé à Martigny, si un nouveau système peut être certifié. A. S.
Source de l’article : https://www.letemps.ch/economie/suisse-se-place-pointe-biometrie